Chères amies et amis,
Je remercie chacune et chacun pour vos réactions et réflexions au sujet de cette vidéo.
Les divergences de points de vues nous enrichissent.
Personne ne détient la vérité toute entière. Oui, le contenu de cette vidéo n'est pas exempte
d'éléments contestables. Mais je la trouve intéressante, nous l'avons écoutée sans jugements ni préjugés qu'elle soit de droite ou de gauche ou d'ailleurs.
Je précise que l'association Gandhi International ne se rattache à aucun parti politique. Nous recherchons en tâtonnant le sens de ce qui se passe en cette période délicate.
Cependant :
Quand je prends position pour les paysans sans terre ou les déshérités, on me traite de communiste ou de gauchiste,
Quand j'ai une famille nombreuse, que je défends la Vie, on me dit de droite ou intégriste,
Quand je prends soin de ma santé autrement que par la médecine officielle soutenue par les grands laboratoires pharmaceutiques on me dit fantaisiste voire sectaire,
Quand je ne porte pas de masque partout, on me dit que je ne prends pas soin des autres que je suis irresponsable,
Quand je ne me vaccine pas pour tout que je suis non solidaire,
Si je ne cautionne pas toutes les avancées technologiques je suis traitée de rétrograde et anti- progrès,
Si je dis autre chose que l'unique et officielle version de l'État et que je cherche la vérité on me catalogue complotiste et conspirationniste, que je crois aux fake-news.
Alors, ai-je le droit encore de m'exprimer ?
En tout cas je ne suis dans aucune de ces cases, c'est peut-être pratique pour les ordinateurs de m'enfermer dans des préjugés.
Voilà, j'ai le bonheur d'avoir plein de facettes de vie avec ombre et lumière.
Un merveilleux mystère !
Je vous souhaite à toutes et tous, beaucoup de Paix, de Force, de Joie et d'Amour.
Isabelle Lecorre-Campana. 13 Août 2020
______________________
Personnellement, je n'ai pas fouillé la vérité des faits énoncés par cette vidéo, j'ai apprécié seulement le ton direct sans pour autant la porter aux nues. Je l'ai proposée pour permettre débat...
Mon épouse aussi, avec laquelle nous cherchons quotidiennement un sens à ce que les autorités nous font vivre durant ces temps sombres, vous a fait part de son questionnement...
Pour ma part, depuis le début, j'ai cherché dans la littérature des éléments de compréhension, suite au dernier voyage en Afrique et Espagne durant la Caravane, et le confinement subi juste après.
« Une vie bouleversée » d'Etty Hillesum fait état des pertes de liberté progressif à partir de 1941, vécu par les juifs hollandais. Etty prend cette réalité en pleine figure et jour après jour, affirme avec constance et un certain bonheur que « la Vie est belle » et, malgré l'impossibilité de sortir d'un certain périmètre qui s'amenuise progressivement jusqu'au départ vers Auschwitz, elle affirme sa capacité volontaire d'autonomie et que rien ne pourra lui ôter de la tête que la vie vaut la peine d'être vécue y compris en allant vers la mort. La conscience du vécu est la Vie, références notables à l'évangile de Mathieu et des Béatitudes citées à plusieurs reprises.
« La peste » de Camus, roman-fiction de la détresse humaine, m'a ensuite permis par le confinement imposé aux habitants d'Oran durant cette peste, de surprendre des humains capables de pénétrer leur souffrance, la partager avec d'autres, et la transformer en amour et amitié partagée. Tous les protagonistes finissent par mourir sauf deux ou trois... L'autonomie personnelle, la patience et l'absence de préjugés sont la base de ce vivre ensemble en temps troubles où la vision de l'avenir est très courte...
« Si c'est un homme ! » de Primo Levi. Résistant au fascisme italien, le jeune homme est arrêté un matin et expédié en camp de concentration sans aucune forme de procès. Très vite il est affronté au non-sens de cette vie, chacun est invité dans cette lecture à rentrer dans la nature complexe de l'état de malheur. Pour s'en sortir, ne s'occuper que de soi dans un contexte où la déchéance humaine atteint l’intolérable, privée d'amitié, de regards, considéré comme un déchet, avec la mort comme unique horizon à très courte échéance. Il s'en sort sans savoir pourquoi, ni comment, une succession de loteries comme des jeux sordides...
« Crimes et Châtiments » de Dostoïevski, m'a entraîné dans ce parcours insondable de l'homme face à son crime gratuit et idéalisé au nom du bien. Les contours psychologiques liés aux névroses des personnages n'ont de cesse tout au long du roman, le fouillis des cerveaux des protagonistes face aux faits, l'enquête menée aussi par des ombrageux. Bref, reste la nécessité acceptée et libératrice du châtiment, propre à consoler, régénérer et offrir une réelle alternative, une rédemption...
Toujours avec Dostoïevski, le roman « les frères Karamazov » invite à l'exploration de l'âme humaine plongée aux extrêmes du bien et du mal. Smerdiakov, fils naturel mais jamais reconnu de Karamazov-père, domestique de ce dernier, peu cultivé mais étonnement intelligent, déclare que « Dieu existe, les civilisations humaines en sont la preuve, elles font exactement le contraire des lois divines ! » Un sous-titre des « Quatre fléaux » de Lanza del Vasto est « Le Diable dans le jeu », comme pour démontrer la spirale des malheurs lorsque l'humanité est livrée à la puissance des destructions ... physiques, psychiques, psychologiques.
Le « Hind Swaraj » de Gandhi écrit en 1910 en Afrique du Sud, (version française par Lanza del Vasto « Leur civilisation et notre Délivrance ») va fouiller la quête effrénée de profit dans l'Empire britannique en ce temps-là. Gandhi reproche aux avocats de ne rechercher que le bénéfice de leurs clients et donc le leur au lieu de faire la vérité dans le conflit. Il reproche aux médecins de faire de l'argent sur le dos des malades en soignant des « symptômes » plutôt que de rechercher les causes véritables de la maladie. Il dénonce la quête d'argent pour l'argent lui-même et non pour développer un commerce équitable. Bref, Lanza del Vasto ira même dans la préface de ce livre de Gandhi jusqu'à faire dire à ce dernier que cette « civilisation est diabolique » ( au sens étymologique de « croche-pattes », ou « bâton dans les roues », donc un gros mensonge !)
Mais se peut-il qu'il en soit autrement. Un ouvrage récent, il est de 2019, dénommé « le Bug humain » de Sébastien Bohler, fait état de l'impossibilité de l'homme de modifier son génome fabriqué depuis plusieurs millions d'années par les besoins de survie. Sous-titre de cet ouvrage
« Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l'en empêcher ». Les neurones en charge de notre survie ne sont jamais rassasiées. Elles sont au nombre de cinq les nécessités de survie : La nourriture, le paraître, le sexe, le pouvoir, l'évitement du travail. Le striatum (le cerveau reptilien) est à la base des ces cinq besoins, il est constitutif de notre être. Le cortex, le cerveau des mammifères, et le néo-cortex, celui des humains sont singulièrement soumis à ce striatum parce que ce dernier « récompense » les neurones des cortex de dopamine, l'élément
« plaisir » qui incite à recommencer les opérations de satisfaction à l'infini. «Le bug humain » est une livre-tentative pour ralentir ou circonvenir face aux fléaux que représentent tous les abus du striatum.
Illustration de ce phénomène humain : Vladimir Soloviev est un philosophe-théologien orthodoxe russe du 19 ième siècle. A propos des tentations du Christ au désert suite à un jeûne de quarante jours, il s'interroge sur les propositions de Démon : « Si tu veux avoir tout, si tu veux être tout, si tu veux pouvoir tout, prosterne-toi devant moi ». Et Jésus l'envoie au ...diable.
Saint Augustin dans ses « Confessions », remarque avec quelle constance, il a, jeune enfant, adolescent, jeune homme, voulu faire le mal et s'y complaire parce que ça lui faisait du bien et lui donnait du piment pour vivre sa vie, avec une insatisfaction fondamentale corrélative. Sébastien Bohler donne comme solution « la volonté » pour sortir de la spirale de violence dans laquelle l'humain est enfermé, autre moyen développé « la pleine conscience ». Augustin, lui, accepte le baptême pour remédier à toutes les turpitudes imposées pas le « vieil homme » et donc revêtir l' « homme nouveau ». Augustin est un peu le promoteur dans la théologie chrétienne de l'idée de
« péché originel », Bolher celui de « bug humain ». S'agirait-il donc du même problème constitutif et génétique ?
Pour en revenir aux temps que nous vivons...
Qui mène la danse ? Pourquoi ? Qu'est-ce que ce virus ? Ne sommes-nous pas milliards de cellules, de bactéries et de virus dans un corps limité en vie. Cette vie n'est-elle pas une « maladie » en soi, sexuellement transmise et dont la seule issue est la mort ?
Pouvons-nous en rester là et faire le constat de notre déchéance ou avons-nous les moyens de vivre une vie pleine et belle ?
A chacun d'en donner une éclatante victoire si le besoin, bien entendu, s'en fait sentir. Sinon, paix à nos cendres !
Louis Campana 13 Août 2020.
_______________________
Sur un autre sujet, concernant la marche Jaï Jagat, je suis dubitatif au sujet du soutien des actions en Europe. En son temps (janvier 2013), invité à venir donner mon avis suite à la marche Jam Satyagraha, j'avais signifié à Aneesh (représentant Rajaji à Genève) que ce mouvement devait rester en Inde. Il parlait à l'époque de 1 million de Paysans sans terre qui iraient à Genève en 2020. Avec Jam Satyagraha, ils en annonçaient 100 000, très vite réduit à 35000 par manque d'argent. La marche heureusement s'arrêta au bout de 11 jours (il n'y avait plus rien à manger) suite à un accord avec le Congrès qui n'a de toutes façons pas abouti au final.
J'avais proposé que 100 lieux choisis soient occupés par 10 000 paysans sans terre pour les mettre en culture et réinventer des villages autonomes, en investissant aéroports, circuit de formule1, d'immenses territoires concédées aux sociétés minières, parcs nationaux pour les animaux etc... etc... La dévotion du peuple pour Gandhi aurait permis ce mouvement de masse et les autorités auraient été incapables de gérer ou de contrer ces événements. On ne tire pas sur des non-violents en Inde, on les respecte.
Dans la constitution indienne, il n'est mentionné nulle part le droit à la justice sociale, c'est pourquoi, les responsables d'EP se sont tournés vers les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies parce que la justice sociale en est un élément signé par l'Inde. Mais c'est un traquenard de plus, même en Inde, Via Campesina est opposée à ce que les sans terre se voient attribuer des terres, parce que ce n'est pas culturel : s'ils sont pauvres et parias, c'est une histoire de karma.
Dans la tradition hindoue l'intouchabilité est un principe culturel que même le promoteur de la Constitution, Ambedkar, que Gandhi avait qualifié comme « son meilleur ennemi », n'a pas voulu ou pu toucher, c'était cependant un leader intouchable. Il a préféré le système des quotas dans la fonction publique au profit des parias.
J'opterais plutôt pour une relance des actions tout azimut en Inde avec les appuis des organisations européennes qui se sont formées pour soutenir EP et leur mobilisation pour communiquer auprès des médias.