Info-lettre - mai 2021
« Quand je serai grand, je serai commercial ! »
Il y a plus de 50 années maintenant que je suis un disciple de Gandhi et de Lanza del Vasto, sans renier en rien mes attaches chrétiennes et plus spécifiquement catholiques romaines.
Depuis une vingtaine d'années, à la suite Gandhi et de Rajagopal, je me suis intéressé plus fortement au problème des sans-terre en Inde et ce phénomène incroyable de mise à l'écart des petits producteurs un peu partout sur la planète.
Cependant depuis ce temps, je ne cesse de mettre en garde face à ce trio infernal représenté par les hommes d'argent (les milliardaires ! Hé oui ! ) et les banques mondiales, les politiques fortement influencés par les lobbies, les multinationales qui incitent à la consommation et sont responsables, les premières, des dégâts causés à la Terre-Mère. Mais tous, nous participons !
Être ou devenir « commercial » devient donc, à lire cette publicité vue à Carcassonne en ce mois d'avril 2021, comme LA solution aux problèmes de ce temps et aux interrogations de la jeunesse mal-traitée.
Avec les techniques nouvelles de communications, 5G en tête, les états mettent en route notre lendemain avec une vision d'une transition écologique et politique basée sur le commerce, l'industrie du progrès en matière d'énergies non-fossiles et la technologie à tout va, y compris la relance nucléaire, alors que des populations entières à travers tous les continents sont à l'agonie, pas seulement à cause du Covid et ses mutations, mais avant tout par leur dépendance économique à ce trio cité ci-dessus.
Force est de constater que le bien-être des populations n'est pas une priorité, ni leur santé mentale ou psychologique, encore moins leur avenir économique.
En Inde, je suis maintenant convaincu que le problème des sans-terre ne suscite aucun intérêt vrai. Tout le monde s'en fout, c'est leur Karma, point barre. Qu'ils disparaissent, finalement sans faire de bruit...L'Inde a d'autres chats à fouetter pour appartenir de plus en plus à l'élite des nations au palmarès du produit national brut. Tout le reste, y compris les 17 objectifs du développement durable, sur lesquels essaie de travailler le syndicat Ekta Parishad et les Européens qui le soutiennent n'est qu'emplâtre sur une jambe de bois. On est en droit de se prévenir des intentions de l'ONU quand on sait que ce sont les Nations elles-mêmes qui décident de ces objectifs alors qu'à l'évidence elles font le contraire dans l'application quotidienne de leurs lois.
Malheureusement ce qui arrive aux Indiens n'est que le prélude à ce qui va se passer (et se passe déjà en partie) à l'ensemble des peuples, Europe y compris...
Alors, tout est perdu ?
Pas du tout, c'est à la société civile, c'est-à-dire à chacun de nous de modifier la donne.
Que chacun, par son vote ou son refus de voter (car c'est un choix), son action de chaque jour, sa façon de consommer donne la priorité aux petits maraîchers, petits artisans d'art ou de matériels para-agricoles, éleveurs responsables, artisans du pain et de bouche en général. Et surtout par la transmission des savoirs en élargissant à ces métiers les apprentissages propres à permettre à chaque jeune un avenir économique né de ses propres mains. Cela, les Nations n'aiment pas trop, ni les banques, encore moins les politiques, car l'indépendance économique et l'accès aux savoir-faire et aux savoir-être est néfaste aux propagandes étatiques. Surtout pas de philosophie de la Vie, cette sagesse populaire innée qui devrait aboutir au redéploiement de peuples fiers et indépendants.
Rien n'empêche aussi chacun de travailler son propre potager et découvrir jour après jour les joies adamiques de ce labeur créatif et jouissif. Filer la laine et le coton est aussi une autre dimension extatique, méditative, propice à la récitation de mantras ou du rosaire qui amène sérénité et permet de traverser les affres de ce monde en toute quiétude.
Nous avons, dans l'hiver 2020, au Sénégal, au Maroc, en Espagne, vu et entendu des centaines d'actions et d'initiatives qui vont dans ce sens. Il s'agit d'un fond commun de bon sens, ostensiblement hostile aux solutions étatiques ou décisions de municipalités où règnent le plus grand mépris pour les populations sous couvert qu'elles sont incapables de saisir les opportunités qui leur sont données. Blablabla... Promesses doublées de mensonges.
En guise d'autres solutions, je souhaiterais proposer à nos gouvernants l'abolition pure et simple des écoles de commerces qui transforment nos jeunes en monstres (en barbare!) et de les remplacer par des écoles de bienveillance et d'intérêt pour la vie d'autrui en recherchant avec intelligence des solutions pertinentes et pérennes.
A la question : « Que feriez-vous à leur place ? », je réponds qu'il faut laisser les médecins prescrire et notamment ceux qui ont de vraies solutions décriées par la propagande étatique, laquelle, en boucle, nous répète qu'il n'y a pas d'autres solutions que les vaccins, qui Ogm-isent, pucent, tatouent ou ostracisent et surveillent ceux qui les refusent. Elle ignore volontairement les vitamines D et C, le zinc, l'Artémisia Annua, interdite en France ( une plante pour des tisanes ?), etc, etc... Mais on est où ?
On peut aussi répondre qu'inquiéter, angoisser, restreindre les libertés et stresser la population n'est pas en soi un bienfait ni une perspective d'avenir radieux. Le président italien Mattarella, le 25 avril dernier, s'exprimant publiquement a dit : « L'histoire enseigne que lorsque les peuples abandonnent leur propre liberté en échange de promesse d'ordre et de dépendance, les événements prennent toujours des tournures tragiques et destructrices. » En contradiction avec l'action gouvernementale de Draghi. Allez comprendre !
Une solution ! Voici un article que j'avais développé à la demande de la journaliste Nathalie Calmé au service de Jean-Marc Governatori (candidat à la présidence de la République en 2007) :
Tous les « experts agricoles » occidentaux disent constamment que le mode de production des pays pauvres est dépassé et inadéquat. Ils oublient cependant que seule l'agriculture familiale de proximité garantit la souveraineté alimentaire là-bas, et cela est vrai aussi dans nos pays dits riches. La Communauté Européenne continue ce travail de sape de l'agriculture vivrière, obligeant les nouveaux pays à suivre les directives qu'elle a elle-même édictées concernant les paysans de Pologne, de Hongrie, de Bulgarie ou de Roumanie. Pour avoir droit aux subventions, il leur faudra passer par ces fourches caudines. Très peu resteront agriculteurs à court terme, ils n'ont pas les surfaces nécessaires, ni la capacité d'investissements, ni parfois les compétences requises et ils viendront comme tant d'autres en Europe de l'Ouest ou du Sud, comme ouvriers agricoles, déracinés et exploitables à merci. Est-ce donc le genre de société que nous voulons ?
Redonner vie à nos campagnes signifie aussi changer d'état d'esprit. L'agriculture vivrière a quelque chose de noble : elle est la beauté du geste qui consiste au rapport entre ce que je fournis comme travail et ce que je mange. Elle est facteur de justice entre ce que je prends et ce que je donne, un lien spirituel et une source d'équilibre avec la Terre qui n'appartient à personne car l'héritage de tous.
Pour rester objectifs, il faut avouer que ce retour à la terre n'est possible que s'il y a possibilité de ressources ailleurs que sur la terre et, de plus, d'une réelle intention de simplification de vie à bien des niveaux. C'est pourquoi le législateur serait bien inspiré de permettre l'exploitation agricole vivrière en activité d'appoint, non taxée et relativement facile administrativement (c'est-à-dire pouvoir exploiter un demi hectare de terre en maraîchage, fruitiers divers et petit élevage sans cotiser à la Mutualité sociale agricole, par exemple, et vendre le surplus sans problème, permettre cela à tous ceux qui le désirent). Ce serait une inspiration d'utilité publique et un facteur de bonheur. L'accès aux crédits devrait néanmoins être limité, car il ne s'agit pas de réindustrialiser l'agriculture locale par ce biais, mais de produire de la qualité de vie, du bon voisinage, voire une coproduction et une alimentation saine dans une simplicité de vie. (Mais je suis sûr que les grands groupes de l'agroalimentaire se dresseront contre ces mesures, en argumentant le fait qu'on ne peut multiplier ces expériences sans détruire une partie de leur commerce, qui, lui, apporte un plus au PIB alors que ces expériences n'apportent rien dans leurs poches ou celles de l'état, elles n'apportent que du bonheur, ce qui n'est pas monnayable, j'en conviens !). In Qu'est-ce qu'une économie non-violente, Campana Louis, éditions Gandhi International.
Notez que je considère aussi l'affaire du Covid comme un problème de concentration urbaine. Quitter les villes, réanimer la ruralité. Certes, il existe bien des perceptions différentes de la culture (l'art comme l'agriculture), mais elles peuvent être attribuées à des « circonstances géographiques, historiques et sociologiques, non à des aptitudes distinctes liées à la constitution anatomique ou physiologiques » disait Claude Lévi-Strauss.
Les cultures anciennes ne sont pas des erreurs, nous en avons fait des gorges chaudes, en nous moquant.
« Depuis que les anthropologues se sont penchés sur l'étude des sociétés, on a constaté une première vague d'avis très sérieux déclarant que les populations ancestrales avaient été incapables de promouvoir leur propre développement et qu'heureusement la civilisation occidentale, par la colonisation, puis par l'activité économique du capitalisme puis de l'ultralibéralisme, de par sa modernité et sa capacité technologique, leur avait apporté une espérance de bien-être et de satisfaction par la mise à disposition de biens de consommation immédiate. Ces avis sont toujours mis en avant par les trusts qui n'ont pas pour objectifs des valeurs humaines, mais la valorisation toujours des dividendes promis aux actionnaires, même si les conséquences sont carnassières.
Inutile, ici, de répéter ce que des dizaines de documents et documentaires vidéo ou d'analyses issues d'ONG, ni même de mettre en avant les moins récentes déclarations d'anthropologues comme Claude Lévi-Strauss, ou certains rapports de l'ONU pour prouver le contraire. Ainsi, aujourd'hui, on considère que ces populations primitives, jugées pauvres, mais riches de bien des valeurs cachées, ont tout simplement préféré privilégier la cohésion et l'hégémonie de leur groupe plutôt qu'une dislocation du groupe et de la communauté due à l'individualisme sous-jacent à l'apport des Occidentaux. Ces peuples, toujours présents et vivant selon leurs modes de pensée, ont posé question à la civilisation dite de progrès qui n'a cessé de vouloir les casser et les soumettre, prétextant leur incapacité foncière à se prendre en charge.
Ce qu'il y a de sûr, c'est que durant les siècles et les millénaires, ceux que l'on appelle les pauvres ont su traverser toutes les difficultés inhérentes à la vie sur terre sans ruiner celle-ci, sans compromettre la vie d'autrui, ni empêcher la cohésion sociale malgré la permanence de dictatures ou d'empires autocratiques. Et c'est ce que Majid Rahmena nomme « la puissance des pauvres », c'est aussi cette capacité de survie que Gandhi appelle de ses vÅ“ux. » In Qu'est-ce qu'une économie non-violente, Campana Louis, éditions Gandhi International.
Toujours avec Claude Lévi-Strauss, osons le parallèle avec notre histoire récente, notamment le Covid et sa gestion, ainsi que les problèmes du changement climatique et des transitions déployées par nos gouvernements en général :
« C'est dans la mesure même où l'on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l'on s'identifie le plus complètement avec celles qu'on essaye de nier. En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus "sauvages" ou " barbares " de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.»
Secoue-méninges pour nous tous de quelque bord nous soyons !
Tu seras toujours commercial ? Hé, barbare !
Texte touffu, confus ? Oui mais voulu, à l'image de ce temps, difficiles chemins de traverse...
Louis Campana, le 30 avril 2021
___________________________________________

___________________________________________
VIDEOS (cliquez sur les images ou sur les titres ci-dessous)
Des gens heureux à Nîmes, La marche des Zombies.
Humanity on its Feet - London 24.04.2021

___________________________________________
Si ce n'est déjà fait, vous pouvez encore adhérer à GI ou faire un don.
|