De Marie sous la croix, on ne nous rapporte ni cris ni lamentations, comme pour les femmes qui accompagnaient Jésus à la montée au Calvaire (cf. Lc 23, 27). Aucune parole ne nous est transmise, comme lorsque Jésus est retrouvé au Temple, ou comme à Cana de Galilée. Seul son silence.
Dans l’Évangile de Luc, Marie se tait à la naissance de Jésus. Dans l’Évangile de Jean, elle se tait au moment de la mort de Jésus. Dans la première lettre aux Corinthiens, saint Paul oppose entre elles « la parole de la croix» et la « sagesse de la parole » ; c'est-à-dire le langage de la croix et le langage de la sagesse humaine. La différence est celle-ci : la sagesse de la parole, ou la sagesse du monde, s'exprime par la parole et les beaux discours ; la croix s' exprime au contraire par le silence.
Le langage de la croix est silence ! Le silence conserve pour Dieu seul le parfum du sacrifice. Il empêche la souffrance de se disperser, de rechercher et de trouver ici-bas sa récompense.
Père Raniero Cantalamessa, Prédicateur de la Maison Pontificale. Marie miroir pour l’Église, Éditions Saint Augustin 2002, p.144.
Le verdict des urnes démontre l'anesthésie générale.
Toute résistance est mise à mort.
Le lanceur d'alertes est un dérangeur qu'il faut « emmerder ».
Il faut laisser la place aux pouvoirs d'argent, de domination, laisser la place aux bavardages des médias, à leurs vérités, à leurs sciences de la psychologie des masses et leurs technologies de soumission.
Dans des temps tourmentés, chacun se réfugie vers le connu, le sécuritaire, tout ballottage est porteur d'angoisse, le changement est suspect. Victoire totale de la peur ! Je le comprends !
Toute autonomie individuelle, tout écart de conduite, tout désaccord nous seront facturés au prix fort.
Comme les scribes (médias) et les Pharisiens (les tenants de la vérité), les privilégiés des urnes demanderont notre anéantissement. Nous avions tort de présenter des doutes...
Gandhi et son économie de subsistance et de sobriété, son message de Paix, de respect de l'autre sont jetés en Géhenne. Ça ne valait pas trente deniers.
Hé bien, nous mourrons !
Puisque c'est le seul rôle auquel nous soyons destinés et pour lequel nous serons condamnés.
A l'instant de la mort, nous ferons comme le bon larron.
Nous confesserons nos torts (il y en certainement quelques uns, tout de même) mais nous demanderons aussi notre part d'héritage en la Vie, malgré nos crimes de lèse-république.
Car bons ou mauvais, tous savent être en dette et donc redevables d'un don unique et global gaspillé.
De dégringolade en dégringolade, au fond du trou, sans rien attendre du monde, mais regardant vers le haut, la saveur et le parfum du Verbe, debout, nous réjouiront.
Cependant : « Je me suis enfermé dans le silence, et plus qu’il n’était bon, je me suis tu. Ma douleur devint insupportable. » Psaume 29, 3.
Louis Campana, Pâques 2022
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Petite histoire de Gandhi International
Voici l'histoire de GI, née de membres de l'Arche en 2006.
Dès 1999, un premier voyage en Inde auprès des héritiers de Gandhi a permis des rencontres à l'origine de tout notre travail, films, ouvrages, colloques etc... C'est à Terre du Ciel, à Chardenoux, que l'association a vu le jour, son président fut le Père Delorme, choisi pour son envergure médiatique, j'en étais le vice-président-fondateur.
L'association s'appelait alors « Gandhi 2008 » et son objectif était de commémorer planétairement les 60 ans de la mort de Gandhi, afin de créer une plate-forme de mouvements non-violents rassemblés autour de la non-violence gandhienne à partir de lieux symboles en Inde. Plusieurs documentaires avaient été conçus déjà par l'association Shanti en lien avec l'Inde ou la non-violence : « Les Colombes de l'Ombre » en Israël-Palestine 2002, « Lanza del Vasto, Pélerin de l'Essentiel » 2003, « La Guerre n'est pas la Solution, elle est le Problème » (suite à un jeûne à l'ONU à New-York) 2003, « la Désobéissance civile, Respiration de la Démocratie » 2004, « Anandwan, la Forêt joyeuse » chez les lépreux devenus autonomes 2004, « la Marche des Gueux » en lien avec les sans-terre 2007, et au Burkina Faso « Afrique outragée, Afrique brisée, mais Afrique libérée ? » avec Roger et Jacqueline Cousin 2007.
Un premier voyage fut organisé vers Wardha, en janvier 2007, à l'Institut d’Études Gandhiennes, 24 personnes de tout horizon essentiellement françaises dont le Père Delorme. La présidence m’échoie à ces dates. Le Congrès de janvier 2008, toujours à Wardha, rassembla plus de 150 personnes, beaucoup de l'Arche et d'Europe, 5 personnes d'Afrique, 3 USA, 2 du Japon, 2 d'Israël, Adolfo Peres Esquivel (Prix Nobel, 1980, Argentine) envoya de son côté quelques membres du Serpaj (Service Justice et Paix en Amérique Latine) dont la secrétaire générale Ana Juanche, enfin 75 Indiens de différentes confessions réunies autour du Mahatma. Ce Congrès fut animé en grande partie par le doyen de l'Institut Joseph Siby et Christophe Grigri de GI pour l'organisation du programme. C'est suite à ce Congrès que je reçus en novembre 2008 le Prix Jamnalal Bajaj, pour la promotion des valeurs gandhiennes en dehors de l'Inde.
La prise de contact avec Ekta Parishad date de 2005. Rajagopal m'invite à participer à la marche de Janadesh en octobre 2007. Depuis nous sommes en contact permanent. C'est même lui qui lors d'une des trois tournées organisées en France-Europe proposa le nom de Gandhi International à l'association Gandhi 2008. Nous couvrons également la marche Jansathyagraha en 2012 (Doc 100 000 et une victoires pour le Monde) et GI est aussi au départ de Jaï Jagat en octobre 2019.
Chaque année est organisée un voyage de découvertes de l'Inde et des ashrams gandhiens, avec dix à vingt personnes. En 2008, à l'initiative de GI, l'association Shanthi-Orissa organise et finance un village en Orissa. 43 maisons pour autant de familles avec l'aide de la Fondation Abbé Pierre et des donateurs privés. Hélas des malversations inadmissibles nous font stopper le projet de financement pour dix villages de sans-terre et sans abri. La corruption est une chose destructrice...La moitié des sommes engagées disparaissent...
Janvier 2009, trois mois de tournée américaine, Belem pour le Forum social, puis avec le Serpaj presque tous les pays d'Amérique latine en partenariat avec le syndicat des sans-terre Ekta Parishad, Ramesh Sharma bras droit de Rajagopal (leader du syndicat), Christophe Grigri de GI ( Doc Misère de misère, ou une économie de prédateurs, 2009) dont visites des Guaranis, des Mapuches et du Président du Paraguay Fernando Lugo, tournée achevée au Canada chez Jill Carr-Harris, épouse de Rajagopal.
En 2011, Congrès de Bhopal, visites au Sri Lanka auprès de Ariyaratné et l'économie non-violente des républiques villageoises (Doc Sarvodaya Shramadana, vers une économie non-violente, 2011) et en Assam auprès de Hem Baï et les résistances au terrorisme d’État (Doc Autonomia, Violences d’État, terrorisme et résistance gandhienne, 2012 ).
Septembre 2012, la marche « Le Croisic-Trocadéro » précède celle de Jansatyagraha en Inde, elle est inaugurée par l'arrière petit-fils de Gandhi, Anand Gokani, sur le lieu d'extraction du sel de Guérande, clin d’œil à la marche du sel..
En 2012 et 2015, à Carcassonne deux forums (Peuples en Marche), le premier organisé avec Nature et Progrès et en présence d'Anand Gokani, le second en partenariat avec la Ville de Carcassonne et l'hebdomadaire La Vie, en présence de Rajagopal, des Muvrini, de Jean-Marie Muller.
Entre temps, plusieurs caravanes sillonnent la France, des dizaines de villes nous accueillent, de Carcassonne à Vierzon, de Nice à Carcassonne, et ailleurs...
2017, toujours à Wardha, colloque autour de Gandhi et Lanza del Vasto pour célébrer les 80 ans de leur rencontre en 1937, nombreuses personnalités de tout horizon (USA, Afghanistan, Congo, Sénégal, Mexique, Népal, etc...) . Pour l'Arche, la rencontre de Gandhi et Shantidas fut fondatrice.
Bénéficiaire du Prix Bajaj, je peux proposer des candidats pour ce prix. Je propose Jean-Marie Muller en 2013, puis Ziad Medoukh en 2017, qui l'obtiennent. Pour 2022 Ogarit Younan et Walid Slaybi, en attente...
Les Éditions Gandhi International ont permis la mise en service d'une dizaine de documents, trois brochures sur les Rencontres (Bhopal, Saint-Antoine l'Abbaye et Brin en Casamance), mes deux livres « Qu'est-ce qu'une économie non-violente ? » et « Un bonheur à construire, entre errances et évidences », plus cinq livres édités pour l'Institut d’Études gandhiennes de Wardha, en anglais.
En 2017 première rencontre avec les paysans et activistes de la Casamance au Sénégal autour du thème « Pour que vive la Terre » avec nos partenaires locaux, « Génération non-violente » du Père Camille Gomis et Denise Leleu. 70 personnes de différents pays d'Afrique, les autorités civiles et religieuses, universitaires locaux et paysans engagés pour défendre un patrimoine foncier colonisé par les multinationales. Dans la foulée organisation de la « Caravane pour des Alternatives rurales et urbaines », partie de Carcassonne vers la Casamance, 70 jours entre Ziguinchor, Dakar, Saint-Louis, Mirleft, Rabat, Chefchaouen, Grenade, Valence, Madrid, Barcelone, caravane décapitée au retour de l'Espagne le 10 mars par le confinement. Abandon définitif de poursuite de la caravane en août 2021 confirmée par un CA internet.
Depuis cette date, GI est en sommeil, seules quelques info-lettres mensuelles sur le site envoyées aux listings des amis ou adhérents de GI, près de 2500 adresses-mails...
Une tentative de pétition pour inciter les candidats à l'élection présidentielle de donner leur accord pour faire du 2 octobre une journée nationale de la commémoration de la non-violence gandhienne en France n'est pas allé bien loin, le tout selon une directive de l'ONU très peu suivie. Mais nous ne renonçons pas...
Et puis la fatigue, la Covid, la guerre, la condition humaine reprend ses droits, éternels recommencements, mais une espérance vive au bout de tous les tunnels car la Vie est plus forte que toutes les morts.
Un vif remerciement à tous ceux qui ont, de près ou de loin, participé durant ces années à tout ce travail, colloques, investigations, films, ouvrages et documents, ainsi qu'aux donateurs petits et grands. Qu'ils soient honorés !
Louis Campana, avril 2022
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... et n'oubliez pas : vos adhésions sont notre force !