Sports et non-violence

Un parent et ami m'a demandé lors d'un repas de réfléchir à l'opportunité de relier « Sport et Non-violence »

 

L'activité sportive de compétition actuelle est un produit de la société dans laquelle nous vivons et qui n'a rien de non-violent, tout comme l'activité économique, financière ou encore éducatrice. Notre société est fortement axée sur la domination, le profit et l'étalage d'une réussite...

 

Autre est le sport comme exercice physique, activité de maintien, de dépassement de soi et d'échange de loisir avec des amis ou de découverte. Souvent néanmoins les deux sont mêlés et s’entre-pénètrent...avant ou après le stade...

 

Voyons donc cependant ce qui pourrait favoriser un axe compatible entre les deux éléments.

 

D'abord qu'est la non-violence ?

 

Deux principes ou idées:


1 - ne pas nuire (Ahimsa)
2 - rechercher la vérité des faits fondée sur l'éthique, les droits fondamentaux, le respect de la différence (Sathyagraha).

 

Pour Gandhi, l'éthique est l’élément même où la transcendance religieuse trouve son sens premier et ultime. Sans elle, la loi, les sciences et la sagesse sont fourvoyées vers une utilité immédiate au service du plus fourbe ou du plus fort. J'ajoute que cette réalité est pleinement magnifiée tout au long de l'histoire biblique, condensé concentré de l'histoire humaine tout court.

 

Trois mouvements ou applications:


1 - le Swaraj : la Force du caractère, la volonté d'indépendance, le courage...
2 - le Swadeshi : la volonté de se prendre en main, d'être autonome mais solidaire...
3 - le Trusteeship : la prise en charge ou tutelle de celui qui ne le peut pour l'y amener...


Pour Gandhi, l'action non-violente, en trois temps :

 

Swaraj : Une marque de tracteurs agricoles porte ce nom en Inde comme symbole : indépendance, énergie, force, empowerment, autonomie politique, force des villages autonomes, autonomie alimentaire. C'est tout cela le Swaraj, à l'inverse du pouvoir venu d'en-haut qui dirige tout, dictature rampante qui stérilise et rend obéissant. Pour l'obtenir, Gandhi a lutté toute sa vie face à la couronne britannique qu'il a associée à une civilisation « diabolique » aux buts avoués de conquête et de soumission de peuples. Il a fait remarquer aux Britanniques qu'ils étaient d'un grand raffinement, d'une capacité à gérer administrativement les peuples inégalée, qu'ils savaient être courtois et polis, intrépides et courageux, qu'ils avaient un code judiciaire des meilleurs mais que derrière cette façade, ils étaient des bandits et des ennemis de l'humanité, y compris pour leur propre peuple. Ainsi le Swaraj est le contraire du pouvoir centralisé de la Couronne britannique, le contraire de la colonisation comme méthode de civilisation, le contraire d'une science échappant aux possibilités des plus modestes. A ceci, il oppose la science des villages directement accessible à quiconque moyennant formation et éducation.

 

Ainsi nous arrivons au Swadeshi. Capacité personnelle et/ou familiale, villageoise d'accéder à son propre pouvoir sur sa propre vie, d'abord par prise de conscience de soi, femme ou homme de ce temps et donc responsable de ses actes. Travail des mains pour subvenir à ses besoins, habilité manuelle à développer, prendre soin de soi, de sa santé, éduquer vers cet objectif, prendre des dispositions pour faciliter la vie de chaque jour, autonomie alimentaire, ressources en eau, en énergie localement et directement accessibles. Adhésion au soi profond par la méditation, la réflexion, l'échange... Le rouet comme symbole du Swadeshi...

 

Enfin, le trusteeship, mot difficilement traduisible. Priorité de l'éthique sur quelques considérations que ce soit. Prise en charge des carences des autres, redistribution des profits, on peut y mettre tout ce que l'on veut vers une indispensable socialisation qui tienne compte des plus pauvres, des déshérités par le fait surtout de leur donner les moyens de l'autonomie personnelle par une tutelle temporaire et limitée. Lire le talisman de Gandhiji, en annexe.

 

Au demeurant, Gandhi, en pragmatique, ne s'étonne pas de voir son ami et bienfaiteur Jamnalal Bajaj, qui avait aux temps des luttes anti-coloniales goûté avec lui aux délices des "Hôtels de Sa Majesté" (comprenez la prison), s'investir dans l'industrialisation de produits de nécessité immédiate et devenir en quelques décennies une multinationale. C'était pour lui, une façon d'inventer ce trusteeship, en fabricant à bas coût des objets usuels courants qui faisaient défaut. Une façon aussi de soutenir l'idée que la technicité et les découvertes n'étaient pas que l'apanage des riches, mais la créativité des masses laborieuses pouvait servir un certain progrès bien compris et intelligent. Pas plus Gandhi que Lanza del Vasto ne sont contre le progrès dès lors que celui-ci permet aux plus humbles d'entrer en possession de compétences et de moyens propres à les élever.

 

Voilà, ce qu'est la non-violence gandhienne, pas une prose de salon ou une conversation de bons mots entre gens bien. "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil !" C'est un sketch de Jean Yanne. Pas un monde de rêve !

 

Autre et indispensable source de réflexion : les Béatitudes de l’Évangile.

 

Qu'est le sport ?

 

Devise des JO à partir de 2021: Altius, fortius, citius, communiter. Plus haut, plus fort, plus vite, ensemble.



Le Colisée, symbole d'un peuple friand de compétition, d'exaltation du héros, du sang des vaincus...et la « clémence » de l'empereur, pouvoir suprême.

La nature humaine.

 

Depuis le commencement, l'activité de l'homme consiste à se nourrir, à marquer son périmètre, à sécuriser ses arrières et vivre sereinement en protégeant les siens.

 

Une mystérieuse tempête intérieure agite l'individu humain depuis les origines : sa propre liberté à agir. Dans la tradition sémite, Adam et Eve font l'expérience de cette liberté en refusant la "facilité de l'obéissance" et se retrouvent à devoir assumer cette indépendance par la prise en charge coûteuse de leurs propres vies (la tradition liturgique catholique parle de "Felix Culpa", bienheureuse faute qui lui valut un Sauveur !) Avec la génération suivante, les sacrifices rituels de Caïn et Abel aboutissent au meurtre d'Abel. Caïn est un businessman, forgeron et conquérant.

 

Dans la Genèse, Dieu refuse le sacrifice de Caïn, celui qui possède, le pourvu de tout, biens qu'il prend outrageusement et offre en sacrifice, Caïn ne s'offre pas, il offre des choses acquises.

 

Abel, lui, offre ce qu'il a de meilleur, sa propre vie par le sacrifice sans tâche d'un agneau le représentant. Abel est un poète, un berger, un artiste, un rural.

 

Mais l'un et/ou l'autre nous représentent, sous le regard de la mère, laquelle, donnant naissance à Caïn s'écrie « j'ai acquis un homme » ce que signifie Caïn, l'acquisition. Quant à Abel, il est le frère de Caïn pour Eve, non un fils indépendant. Le tout, afin d'échapper à la toute-puissance d'Adam, qu'elle redoute par-dessus tout comme l'exprime Marie Balmari dans "La traversée de l’Éden".

 

Tout le mal-être humain se retrouve dans ce mythe... Nous sommes doubles ! À la fois Caïn et Abel.

 

La fondation de Rome s'inscrit elle aussi dans l'inconscient humain. Le mythe crée l'Histoire, le fait divers construit le Mythe. Romulus définit le périmètre de sa ville, il est fondateur et prévient que quiconque enjambe le mur de sa ville est promis à la mort. Il n'y a là ni intelligence, ni réflexion, ni partage d'idée. Là, uniquement décision unilatérale doublée d'une capacité à l’exécuter. Jupiter est déjà à l'action.

 

Facétieux et nonchalant, n'en croyant pas un mot, Remus franchit d'un bond le mur et est immédiatement tué par son jumeau, dixit Tite-Live, un commentateur né plusieurs siècles plus tard.

Puis s'ensuit l'enlèvement des Sabines, comme spectaculaire œuvre de santé publique d'une nouvelle ville composée de jeunes fous sans femmes.

 

Ainsi la Fondation de Rome et la Genèse nous racontent, entre autres mythes, la fragilité des vies, leurs combats pour émerger et exister, devant la mort donnée et présente partout. J'ai ressenti tout cela un jour à San Siro, le stade mythique milanais, 80 000 hystéries lâchées, parfois gavées d'alcool et d'herbes fumées, pendant deux heures jusqu'au dénouement, accepté ou non !

 

Mais se peut-il qu'il en soit autrement ? Un ouvrage récent, il est de 2019, dénommé "le Bug humain" de Sébastien Bohler, fait état de l'impossibilité de l'homme de modifier son génome fabriqué depuis plusieurs millions d'années par les besoins de survie. Sous-titre de cet ouvrage : "Pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l'en empêcher". Les neurones en charge de notre survie ne sont jamais rassasiées. Elles sont au nombre de cinq les nécessités de survie : La nourriture, le paraître, le sexe, le pouvoir, l'évitement du travail. Le striatum (le cerveau reptilien) est à la base des ces cinq besoins, il est constitutif de notre être. Le cortex, le cerveau des mammifères, et le néo-cortex, celui des humains sont singulièrement soumis à ce striatum parce que ce dernier « récompense » les neurones des cortex de dopamine, l'élément « plaisir » qui incite à recommencer les opérations de satisfaction à l'infini. "Le bug humain" est une livre-tentative pour ralentir ou circonvenir face aux fléaux que représentent tous les abus du striatum.

 

Illustration à l'encontre de ce phénomène humain : Vladimir Soloviev est un philosophe-théologien orthodoxe russe du 19 ième siècle. A propos des tentations du Christ au désert suite à un jeûne de quarante jours, Soloviev s'interroge sur les propositions de Démon :

 

"Si tu veux avoir tout, si tu veux être tout, si tu veux pouvoir tout, prosterne-toi devant moi !".

 

Tentation du tout, tout de suite, démesure extrême qui mène à la mort, Hubris (démesure) et striatum fatal.

 

Et Jésus l'envoie au... diable.

 

Saint Augustin dans ses Confessions, remarque avec quelle constance, il a, jeune enfant, adolescent, jeune homme, voulu faire le mal (ou plutôt transgresser sa conscience!) et s'y complaire parce que ça lui faisait du bien et lui donnait du piment pour vivre sa vie, avec une insatisfaction fondamentale corrélative. Sébastien Bohler donne comme solution "la volonté" pour sortir de la spirale de violence dans laquelle l'humain est enfermé, autre moyen développé « la pleine conscience ». Augustin, lui, accepte le baptême pour remédier à toutes les turpitudes imposées pas le « vieil homme » et donc revêtir l' "homme nouveau". Augustin est un peu le promoteur dans la théologie chrétienne de l'idée de "péché originel", Bolher celui de "bug humain". S'agirait-il donc du même problème constitutif et génétique ? Pour ma part, je doute que la "volonté" soit suffisante !

 

Pour en revenir à la réflexion sur une liaison "Non-violence et Sport"...

 

Transformer la génétique (et donc cette guerre sous-jacente) pour s'en libérer et/ou l'améliorer. Les Grecs, lassés des guerres entre cités voisines, imaginèrent de transformer en compétition sportive le besoin de supplanter l'autre...de là viennent la naissance des « Jeux Olympiques » et le face à face du héros avec lui-même, afin d'égaler les dieux de l'Olympe et décrocher le pouvoir. Déjà, en Palestine, Juifs et Philistins s'étaient mis d'accord pour envoyer leurs héros représenter leurs peuples respectifs et, bien sûr, leur Dieu. Histoire connue de tous, celle de David et Goliath. L'un décrit comme un balourd sans cervelle, l'autre un rusé adroit.

 

C'est alors que, pour rivaliser avec l'adversaire, la préparation physique, mentale, physiologique s'impose. Il y faut un corps approprié, doté de vertu, de courage, d'abnégation, d'ascèse, d'imagination, de ruse, de technique. Une équipe s'établit autour du héros désigné, lequel est choyé, préparé, mis à l'écart, massé, nourri en conséquence, privilégié dans ses désirs, honoré et payé en biens matériels ou en retour de gratitude par le peuple, etc...

 

La conception des épreuves est bien sûr directement calquée sur les attributs de la guerre, poids, javelots, disques, course, rapidité, vertu, ...

 

Les Jeux du cirque au Colisée ne sont rien d'autre que l'aboutissement d'une volonté de victoire, de toute puissance et sa réalisation par l’exécution des vaincus pour satisfaire un peuple au préalable gavé de pain, de bière, d'addictions diverses, outils de propagande au service des tenants des pouvoirs politiques, administratifs, financiers, économiques, éducatifs, sanitaires, etc, etc...

 

Du pain et des jeux ! Tiens, on se croirait aujourd'hui...

 

Le Réal, la Juventus ou le PSG ne sont que les pâles successeurs du Colisée.

 

Tiens, Colisée, Élysée, Palazzo Chigi, Maison Blanche... (l'élection du chef, quel Sport !)

 

Machines à fabriquer des héros, d'accord, mais le Héros, dans cette histoire ?

 

Les instances sportives nationales ou internationales jouent un rôle assez équivoque. Les pressions exercées sur leurs "protégés", autant femmes qu'hommes, permettent de dire que cette emprise du striatum n'influe pas seulement les humains mais tous les clubs, associations et autres acteurs de ce grand jeu de dupes à l'image d'une société qui parle de paix mais fabrique en permanence des fruits pourris de guerre larvée. Les violences étatiques tout autant que corporatives sur les individus par des lois liberticides ne présagent en rien d'un monde nouveau ou serein... L'exemple du Mondial au Qatar, dénoncé par quelques courageux comme Eric Cantona, n'indique pas une prise de conscience à la hauteur des exigence d'un sport mondialisé à vocation sociale vertueuse et respectable.

 

Le Héros, un Saint, un Sage ?

 

Je vais revenir sur l'ouvrage de Sébastien Bolher. Il cite comme "victime" du striatum Mère Teresa de Calcutta. Il en dit un bien total. Voilà une fille d'homme, complètement comme tous et toutes les autres affublés de ce striatum, cerveau reptilien qui décharge la dopamine du plaisir et à volonté à qui se soumet à son vouloir. Il se trouve que la maman de la petite Agnès transmet à sa fille la compassion pour les plus déshérités en y mêlant la joie et le plaisir de servir... Et hop, voilà que le striatum se met à décharger la dopamine chaque fois qu'elle rencontre un moins bien loti qu'elle, et cela avec manifestement autant de plaisir que de manger une crème glacée.

 

Exception ? Non ! Gandhi, petit, apprend par sa mère l'attention à l'autre. Dans la Guita, il y traverse l'expérience séculaire d'un peuple multi millénaire.

 

Voici un commentaire de la Guita de Vinôba Bhâve, successeur de Gandhi, rapporté par Satish Kumar, dans son livre "Tu es, donc je suis".

 

Dans le chapitre "Terre, âme et société", Kumar, en citant Vinôba, distingue trois éléments :

Le Yajna (sacrifice rituel, don de soi), le Dâna (devoir de charité, de reconnaissance de l'autre) et le Tapas (l'austérité, sobriété).

 

Le Yajna consiste à réparer le tort que l'Homme a causé à la Terre mais aussi à l'autre, en lui restituant tout ou une partie de ce qu'Il lui a pris. Le cultivateur, par exemple, restitue à la Terre-Mère le compost et les éléments nutritifs. Le menuisier, lui, plantera des arbres. Éléments donc de retour et de respect après avoir pris quelque chose.

 

Le Dâna consiste à être éveillé sur le fait qu'à notre naissance chacun est nourri et élevé par la société des humains et qu'il s'agit de rendre quelque chose en honorant et respectant nos aînés car ils nous ont transmis l'art, la culture, l'expérimentation de la vie.

 

Enfin, il faut nourrir notre moi par des pratiques telles que méditation, étude, jeûne, repos, sommeil, travail et le contact avec la nature, c'est le Tapas.

 

En voilà des héros ordinaires, présents au quotidien...

 

Sont-ce des choses enseignées actuellement dans nos systèmes éducatifs ? On enseigne plutôt et surtout à prendre, à user, à consommer et à requérir des droits !

 

A la recherche d'un Héros, voici un autre texte :

 

Paul de Tarse aux Éphésiens (Ep 6, 14-17) nous en donne les prémices :


"Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi, qui vous permettra d’éteindre toutes les flèches enflammées du Mauvais. Prenez le casque du salut et le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu."

 

On remarquera les emprunts propres à la démarche guerrière, équipement dont le héros se doit de revêtir pour affronter son propre ennemi intérieur ( le striatum ?)

 

Agnès (Mère Teresa), Gandhi, Vinobà, Paul de Tarse, Augustin, Mandela, en voilà des héros et des vrais sportifs.

 

Et dans nos stades ?

 

Non ! Je ne suis pas d'accord pour dire que nos terrains de sport accueillent, produisent un ramassis de crétins haineux et gonflés d'orgueil. Certes, il y en a, et des gros, multimillionnaires et, m'a-t-on dit, inintelligents, complètement déconnectés des réalités sociales. Certains gagnent par mois l'équivalent de mille Smic ! Même si c'est le cas, je pense que quiconque peut, un jour, se libérer de ce striatum dont Sébastien Bolher pense qu'il nous conduit tout droit en une impasse mortelle sauf s'il est transformé. Il en est de même de ceux qui remplissent les tribunes, hordes parfois incontrôlables. C'est, de ma part, un acte de foi.

 

Parmi tous ces sportifs, il y a des Agnès, gens dont l'éducation, enfants, était tourné vers l'autre, non pour le disséquer et le réduire, mais pour travailler avec. Le foot, le basket, le rugby, les sports d'équipe en général sont de magnifiques outils de cohésion sociale, de camaraderie, de partage. Les autres sports requièrent énormément d’ascèse, de renoncement, d'abnégation. J'ai fait aussi de l'athlétisme et du vélo, jeune. Les courses à pied, vitesse et cross, les sauts, hauteur et longueur, le passage des cols demandent constance, concentration, humilité surtout une fois vaincu et reconnaissance d'avoir pu participer aux épreuves...

 

Nécessité est de faire lien entre sport et non-violence. Mais quel chantier !


On a vu les distances, les divergences entre ce qu'il convient d'atteindre, les objectifs et les réalités.


Je reviens souvent à l'expérience gandhienne.


Gandhi ne s'inscrit pas autrement dans ce combat. Lors de son dernier jeûne (sport par excellence) à Calcutta, face aux violences destructrices entre Hindous et Musulmans, avec autorité et vérité, Gandhi a remis chacun devant son propre combat, ses propres dragons et diables intérieurs qui ruinent les vies, incendient les corps et tiennent chacun en laisse comme un toutou.

 

Le sport, qui n'est autre qu'interrogations plus paisibles face à la folie meurtrière de conquête et d'anéantissement de l'autre que représente la guerre, doit se convertir par l'éducation et le respect de l'adversaire, accueillir sa victoire avec joie et plaisir, bref un bouleversement de la tête tout autant que du corps.

 

Les pistes sont ouvertes, les courses peuvent commencer, les javelots, poids et disques prêts à l'emploi, reste le tête-à-tête avec soi-même et son cerveau reptilien à se convaincre du plaisir de la victoire de l'Autre...

 

Le Golgotha, lieu emblématique du non-pouvoir, de dépouillement, de renoncement, mais annonce d'une victoire, d'une maîtrise et d'un don de soi pour la Vie des autres.

 

Pistes ouvertes, qui veut participer à cette interrogation ?

 

 

Septembre 2022, Louis Campana.